Les agents de nettoyage font partie de ces professionnels mal considérés. Dévalorisés socialement et souvent peu rémunérés, les femmes de ménage et les hommes d’entretien ne choisissent pas toujours leur métier par plaisir.
En 2015, Kevin Guillaume a créé l’entreprise Guillaume Nettoyage avec la volonté de changer l’image de cette profession et de mieux valoriser ses employés. Il évoque avec l’énergie de la plume les raisons de son engagement.
Revaloriser les agents de nettoyage
Les parents de Kevin ont toujours travaillé dans le nettoyage. Son père travaille avec lui et sa mère dans une autre entreprise. « Lorsque j’étais enfant, je voyais les mauvaises conditions dans lesquelles ils travaillaient. En créant mon entreprise, j’ai eu envie de mettre l’accent sur l’humain. Le métier de mes parents était dévalorisé et le regard des autres était pesant. Ces constats m’ont motivé pour donner une autre image de cette profession. Avec le confinement, la crise du Covid et les mesures sanitaires ont confirmé le besoin de confier à des personnes qualifiées le nettoyage des bureaux et des espaces publics. La propreté, l’hygiène et la désinfection ont pris une nouvelle importance dans l’esprit de tous. Cette situation a mis en avant la nécessité des agents de nettoyage et les a revalorisés, davantage qu’ils ne l’étaient auparavant. »
Malgré la mauvaise image de son métier, Kevin a tenu à poursuivre dans cette voie. « J’avais envie de revaloriser humainement cette profession. J’ai toujours vu ma mère très investie dans ses missions. À présent elle occupe des fonctions de direction dans l’entreprise qui l’emploie mais il a fallu du temps pour que son travail soit valorisé. Dans les grandes entreprises, l’investissement des employés n’est pas toujours suffisamment reconnu. Les agents méritent d’être mieux considérés et leur engagement récompensé, y compris économiquement. Dans notre entreprise, nous mettons en place un système de prime pour chaque salarié, à tous les échelons, au-delà des obligations prévues par la convention collective. Dans notre entreprise, je vois les agents travailler à fond et cela m’encourage à développer des projets pour les soutenir. »
Privilégier les relations humaines et le bien-être au travail
Pour mieux prendre en compte l’humain dans l’entreprise, Guillaume Nettoyage privilégie les effectifs réduits. « Chez certains concurrents, un responsable gère une équipe d’une centaine d’agents de nettoyage pour intervenir auprès d’une cinquantaine de clients. Nous sommes sur des proportions réduites de moitié pour maintenir autant de proximité avec les clients qu’avec les salariés. On commence par partager un café avec le sourire le matin, c’est important pour bien démarrer la journée. Nous projetons également de construire de nouveaux locaux où nous intégrerons un espace de détente. Des massages seront proposés aux salariés, une pièce pourra accueillir les enfants en cas d’absence de nourrice, etc. Ces initiatives visent à réduire les dépenses des employés et valoriser leur investissement dans l’entreprise. Le but est que chacun se sente pleinement intégré dans la société. Aujourd’hui, nous sommes 41 collaborateurs et, parmi les premiers, la plupart sont restés depuis le début, c’est encourageant ! »
Les actions sociales menées par l’entreprise sont gérée par Kevin et son épouse, Amandine, notamment concernant les aspects administratifs. « Nos collaborateurs sont concentrés sur leur travaux sur le terrain et nous faisons appel à des prestataires extérieurs pour réaliser ces projets sociaux. Par exemple, dès que nos nouveaux bureaux seront ouverts, un masseur interviendra à la demande des salariés. L’objectif est de favoriser la détente au travail et de prévenir les troubles médicaux squelettiques, dus au caractère physique de la profession et aux tâches répétitives. »
Le métier d’agent de nettoyage demande des qualifications techniques peu reconnues habituellement. « Pourtant, la propreté exige de suivre des formations spécifiques pour garantir un résultat de qualité. Certaines entreprises proposent des tarifs économiquement intéressants mais parfois au détriment d’un travail qualitatif. La connaissance par les agents du matériel et des gestes adaptés permet aux clients de bénéficier de meilleures prestations. »
Respecter l’environnement
Afin de protéger l’environnement, les agents et les usagers, Guillaume Nettoyage privilégie l’emploi de produits labellisés. « L’Écolabel qu’on trouve en grande distribution n’est pas une référence suffisante pour nos travaux. Nous préférons les produits certifiés par Écocert, plus exigeants en termes de composition. 95% de produits naturels permettent de mieux préserver la santé des agents et des clients. Le rendement et la qualité de ces produits sont adaptés aux entretiens courants et aux chantiers de désinfection. En revanche, pour des travaux de nettoyage plus importants, sur des fins de chantier par exemple, des produits plus agressifs sont nécessaires. Notre objectif est d’utiliser les produits les moins nocifs pour réduire le contact des agents avec des émanations chimiques dangereuses à terme pour la santé. »
L’investissement des entreprises pour l’environnement passe aussi par l’écomobilité. Certains forment leurs employés à l’écoconduite, avec le soutien de Dromolib par exemple. Guillaume Nettoyage s’engage pour la transition écologique dans un premier temps en modifiant ses véhicules. « Nous avons fait transformer un premier véhicule thermique en électrique et nous projetons de remplacer tous nos véhicules par des électriques ou des hybrides. Ce type de motorisation étant particulièrement adapté aux petits déplacements, l’hybride est avantageux pour nos usages car nos agents se déplacent sur des distances de 50 à 100 kilomètres par jour. Ces projets nous tiennent à cœur, mais le plus important reste de développer sereinement l’entreprise, en valorisant les salariés, et de pouvoir s’appuyer sur des collaborateurs épanouis. »