À l’annonce du prix Nobel de littérature décerné à Annie Ernaux, j’ai ressenti une bouffée de joie m’envahir. Heureux pour elle. Sans la connaître, convaincu qu’elle mérite cette distinction. Heureux de cette revanche. Conscient du symbole de classe. Jusqu’alors, j’avais entendu des interviews, des témoignages de fans, lu quelques passages. Soudain, La place, qui attendait patiemment dans une pile de livres, à refait surface.
Au-delà de la biographie
Je savais que l’œuvre d’Annie Ernaux est autobiographique. J’avais lu ou entendu que son expérience nourrit son goût des autres. J’ai lu d’un trait cette histoire d’une fille passée de la condition ouvrière à la petite bourgeoisie, comme ses parents sont allés de la campagne à la ville. Qui ne se reconnaît pas dans ces pages ? Nous sommes tous l’inférieur d’un autre, n’est-ce pas ? Nos vies sont faites de ses évolutions, de ses lentes métamorphoses, d’une génération à l’autre. Ou pas.
Une écriture vivante
Dans cet ouvrage, on reconnaît l’épure, le style direct et sans fard de l’écrivaine. Cette recherche de « non style » colle au décor et aux personnages. Une marque de respect, peut-être ? La forme peu sembler crue, voire rude. Pourtant, les mots d’Annie Ernaux vont droit au cœur. Elle partage parfois au détour d’une page ses réflexions quant à ses choix pour peindre ce portrait familial et social qui prend des accents universels. Elle relève les contradictions, les évolutions de la langue, les chocs culturels et générationnels.
Des phrases comme des lames
L’écriture d’Annie Ernaux cherche à rester au plus près de son sujet, peut-être pour nous laisser mieux savourer les pépites qui jalonnent son récit. Les citer ici serait gâcher le plaisir du lecteur. Chacun trouvera sa part dans ce livre qui nous est familier quand on le quitte, autant que lorsqu’on en découvre les premiers mots. Ces passages qu’on note quelque part comme des objets précieux, n’en déplaise aux détracteurs qui se font un plaisir de dénoncer ce prix pour des raisons loin de considérations littéraires. Mais je doute qu’Annie Ernaux ait besoin de moi pour la défendre !
Un petit dernier pour la route
Ce genre d’expression résonnait sans doute parfois dans le café familial. Près de 40 ans après la publication de La place, Annie Ernaux prête sa voix au film de son fils, David Ernaux-Briot, Les années Super 8. À voir en ce moment sur Arte.tv, ce montage d’archives vidéos familiales constitue une suite logique à La place. N’en dévoilons pas davantage. Les deux œuvres sont un encouragement à partager des souvenirs, raconter sa vie. Pas pour parler de soi, mais pour constituer ensemble une bibliothèque collective qui enrichit notre mémoire commune.
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