En ces temps de crise, on a parfois besoin de trouver sa place, prendre le temps, revenir à l’essentiel. Loran Malègue est danseur, professeur de Yoga et thérapeute. Dans sa pratique, les inspirations sont nombreuses mais certaines personnes l’ont particulièrement influencé.
Entrer dans la danse
Dans les années 80, Loran Malègue et Anne Rotenberg ont créé en Ardèche la Compagnie Autrement. « L’objectif était de développer des projets de danse contemporaine et de danse théâtre en milieu rural. Nous nous déplacions dans les petites communes, sur des places de villages, voire des usines désaffectées. Pendant une vingtaine d’années, nous sommes intervenus dans des écoles pour mener des classes artistiques. Notre volonté était de transmettre notre expérience d’artistes aux enfants. C’était l’occasion de sortir des théâtres traditionnels et d’explorer d’autres formes. Nous étions influencés par Maguy Marin ou Dominique Bagouet, mais c’est surtout l’élan de la chorégraphe Pina Bauch qui nous portait. Notre action s’inscrivait avec humilité dans son mouvement. »
Ouvrir les regards
La compagnie agissait bénévolement aussi auprès des adultes. « Nous avons initié les journées de la danse à Lavilledieu, un village près d’Aubenas où nous avions été bien accueillis. Le but n’était pas de créer une compagnie professionnelle mais de partager l’amour du mouvement et de la danse. Nous organisions également des sorties culturelles avec les adhérents pour assister à des spectacles au théâtre de Privas ou à Avignon. Je me souviens par exemple de deux vignerons venus avec leurs femmes à un spectacle de danse. Lorsqu’ils sont sortis, ils étaient très émus et reconnaissants d’avoir découvert cet univers dont ils avaient une image très différente. »
Relier le corps et l’esprit
La découverte du yoga a été une révélation pour Loran Malègue. « Comme j’avais commencé la danse tardivement, j’avais besoin de m’assouplir. Le yoga m’a tellement plu que je suis devenu enseignant ! Puis, la compagnie a été contactée pour travailler sur le corps avec des enfants autistes et des jeunes décrocheurs venus de banlieue parisienne. Ces derniers venaient séjourner en Ardèche pour des stages de ressourcement de trois mois. Ma pratique du yoga et de la médiation commençait à être bien assise mais j’ai ressenti le besoin de m’outiller pour être plus à l’aise avec les problématiques de violences. J’ai alors suivi une formation de psychothérapeute pour mieux travailler avec ces publics. La gestalt thérapie correspondait à ce que je cherchais et progressivement des personnes sont venues à moi pour des suivis individuels.»
Suivre une lignée
Loran bénéficie de plusieurs cordes à son arc. « Aujourd’hui, j’accompagne des groupes et des individuels en thérapie, je donne des cours et des stages de yoga et de méditation, j’anime des formations et j’interviens en tant que consultant en analyse de la pratique. Dans mon parcours une rencontre a été déterminante, vers la fin des années 80, lorsque j’ai rencontré mon maître, Lama Denys Rinpoche. Son enseignement m’apporte beaucoup. Il a été traducteur de Kalou Rinpoché et il est pleinement investi par ce lama bouddhiste. Ce que j’ai acquis, et que je continue d’apprendre, que ce soit à travers la méditation, le yoga ou la gestalt, m’offre différents supports pour mes accompagnements. »
Privilégier le temps
Pour Loran, la thérapie n’est pas un produit de consommation. « Les habitudes consuméristes viennent parfois ternir la méditation et le travail thérapeutique. Certaines personnes cherchent des effets rapides et peu couteux. Je ne peux pas les accompagner car je ne suis pas urgentiste. La recherche d’efficacité ou de performance n’est pas une bonne voie. Mon approche ne consiste pas à résoudre un problème. Il s’agit davantage d’explorer un chemin pour mieux se connaître, qui peut aller jusqu’à un chemin spirituel. Souvent, les participants aux stages que j’anime avec Anne-Christine Decas sont des personnes que nous accompagnons respectivement. Les travaux de groupe ont en effet parfois besoin d’être éclairés par un suivi individuel, notamment lorsque les participants vivent en stage des moments forts. L’expérience permet de prendre conscience, au présent, des émotions vécues. La gestalt thérapie aborde la personne dans sa globalité et nous accompagnons les stagiaires avec l’ensemble des outils dont nous disposons. »
S’inspirer des grands espaces
Pendant quelques années, Loran a animé des stages dans le désert tunisien. « Je garde des contacts avec des stagiaires qui témoignent longtemps après de l’importance que cette expérience a pour eux. Ce n’est pas que l’accompagnement qui les a portés mais le lieu bien sûr. Le désert est un endroit très fort – le désert est LE thérapeute. Mais je ne souhaite plus organiser ce type de proposition car les voyages ont été compliqués ces dernières années et surtout, je trouve inadéquate avec une conscience écologique l’idée de prendre un avion pour vivre un stage d’une semaine. Je cherche donc plutôt des lieux en France où l’on peut organiser des expériences similaires. Difficile sans doute de remplacer la puissance des dunes mais c’est un choix éthique. »
Jusqu’à la mort accompagner la vie
Loran forme aussi les bénévoles de l’association Jalmalv, Jusqu’à la mort accompagner la vie, pour accompagner des personnes âgées en EHPAD ou des familles endeuillées. « C’est une approche laïque, respectueuse des croyances de chacun. Ce n’est pas un guidage, plutôt une reformulation, basée sur l’écoute bienveillante, inspirée des travaux de Carl Rogers. La personne et l’accompagnateur se rejoignent sur des ressentis et des expériences vécues qui leur permettent d’aller au-delà de leurs croyances. Les savoirs peuvent être différents, mais le vécu est l’endroit où peuvent se rencontrer celui qui parle et celui qui écoute. Cependant, la découverte de la culture de l’autre permet de mieux comprendre, mieux accueillir et atteindre une compréhension plus profonde. »
Si vous souhaitez aussi témoigner, partager ce qui vous influence positivement et poursuivre cette collecte de « L’inspiration de nos héritages », n’hésitez pas à me contacter par mail ou téléphone 06 64 97 94 84.