Les passeurs de livres de Daraya raconte l’histoire de jeunes syriens qui ont créé une bibliothèque alors que leur ville était assiégée par le régime de Bachar al-Assad. Ils ont récupéré des livres dans les décombres des maisons bombardées, ils les ont identifiés pour que leurs propriétaires les récupèrent à la fin de la guerre, puis ils les ont référencés pour que les habitants puissent les emprunter.
Un récit poignant
Cette initiative peut sembler incongrue dans une ville où tout manque pour vivre. Pourtant, Delphine Minoui, l’auteure de ce bouleversant ouvrage, rapporte le témoignage de ceux qui ont créé et fréquenté ce lieu insolite ; tous défendent la nécessité des livres dans leur situation dramatique. J’avais déjà été impressionné par le bouleversant documentaire inspiré de ce livre qui l’est tout autant. Delphine Minoui, grand reporter, a échangé par mail, Skype et WhatsApp de 2012 à 2016 avec les protagonistes de ce récit. Elle relate les circonstances, recontextualise, interroge les fondateurs et les usagers, parle des livres, des femmes invisibles.
L’espoir dans la tragédie
Au-delà de l’expérience inédite, l’auteure découvre la vie de ces jeunes dont la ville est pilonnée par les forces armées du Raïs. Le régime prétend que la ville est aux mains de Daech et met tout en œuvre pour affamer les assiégés. Les denrées se font de plus en plus rares. Les bombardements s’intensifient. Mais malgré la perte de nombreux civils innocents, les habitants ne renoncent pas à lire ni à s’instruire. Ce récit traduit une grande douleur, une injustice qui a mis trop longtemps à être entendue. Cependant, les survivants gardent de cette période le goût des livres.
Des inconnus qui deviennent intimes
Au fil des pages, on apprend à connaître Ahmad, Abou el-Ezz, Omar et leurs amis. Leur détermination face à l’oppression est exemplaire. Ils finissent par ne, presque, plus craindre la mort, tant elle fait partie de leur quotidien. Omar résume par ces mots leur état d’esprit : « La guerre est perverse, elle transforme les hommes ; elle tue les émotions, les angoisses, les peurs. Quand on est en guerre, on voit le monde différemment. La lecture est divertissante, elle nous maintient en vie. Si nous lisons, c’est avant tout pour rester humain. »
Et après ?
Depuis le début de la guerre en Syrie, il y a bientôt douze ans, des millions de Syriens ont quitté le pays, des centaines de milliers de personnes sont mortes et la ville de Daraya, entre autres, a été détruite. En cette période de vœux, on ne peut qu’espérer la fin de tous les conflits meurtriers. Hélas, malgré nos souhaits, l’actualité nous rappelle que la paix dans le monde ne semble pas pour demain. Alors, que retenir de ces atrocités ?
Vous trouverez plusieurs réponses à cette question dans Les passeurs de livres de Daraya. En ce qui me concerne, je retiens notamment que les événements les plus tragiques nous apportent souvent de grands enseignements. Les partager enrichit autant ceux qui les lisent que ceux qui les écrivent.
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