Coup de cœur littéraire #19 – Changer l’eau des fleurs

L’écriture répond d’abord à un désir, un appétit, l’envie de connaître la suite d’une histoire ébauchée dans un coin de tête. L’appel de l’imaginaire est tel que plus rien n’importe, même le monde qui s’écroule. Une fois le décor planté, les personnages animés, l’intrigue se déroule, et vient alors le plaisir de jouer avec la plume.

Chatouiller les mots, télescoper les images, contrarier les expressions, sont des friandises que l’écrivain croque en se promenant dans ses histoires. 

Quand je lis le résultat de ces pérégrinations gourmandes chez d’autres auteurs, je les savoure autant que je les jalouse.

L’appétit d’écrire 

La première fois que j’ai envié un auteur, je n’écrivais pas encore. Herman Hesse et Stefan Zweig m’ont redonné le goût de lire et, inconsciemment, pour la première fois, ils m’ont donné envie de goûter à ce plaisir qu’ils ont dû ressentir à donner vie à leurs personnages. Je remercie encore ceux qui me les ont offerts. D’autres auteurs ont suivi. Nombreux. Nombreuses. Des romanciers, des penseurs, des conteuses, des poètes.

Ils ont fait germer mon envie d’écrire, d’explorer les mots, les émotions. Parfois j’étais satisfait du résultat, souvent je doutais et, surtout, je trouvais fréquemment d’autres plus doués que moi. L’appétit pourtant me portait à continuer mes explorations. 

Un jour, on m’a offert de découvrir Christian Bobin. J’ai refermé le livre en pensant : « Plus la peine d’écrire, je n’ai rien de mieux à ajouter » ! Mais la faim d’écrire me tenaillait toujours et l’esprit de découverte me poussait à poursuivre. D’autres univers pouvaient encore être visités.

Je continue donc. J’écris pour le plaisir et la surprise.

Changer l’eau des fleurs

Ces réflexions me viennent alors que je suis au quart de Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin. Son roman est un cadeau de bienvenue. Il nous invite à jouir avec elle des merveilles de la vie, comme si on gagnait un tour gratuit au manège des émotions. Elle écrit comme d’autres composent des tubes. Elle invente des histoires comme elle respire. Et on la croit. C’est une brodeuse de mots, une tisseuse de bonne aventure. Ses personnages extraordinaires croisent leurs destins dans des situations parfois si ordinaires, qu’on ne serait pas étonné qu’elle affirme que tout est vrai. Son écriture est au service de témoins imaginaires de ce que l’humanité a de plus surprenant.

Valérie Perrin, comme d’autres auteurs inspirés, ne coupe pas l’appétit d’écrire. Au contraire, elle l’assaisonne si bien qu’on en redemande. Sur ce, je pose provisoirement ma plume et je vous laisse pour retourner me délecter de la sienne. Je ne vous raconterai pas la suite, mais sachez que Changer l’eau des fleurs n’est pas un roman à l’eau de rose. C’est une histoire où la mort et la vie se croisent, nous entraînant dans une cavale sans fin. Jusqu’au bout.

Couverture du roman Changer les fleurs

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