Écrire en prison

Ce matin, c’était la rentrée des ateliers d’écriture à la maison d’arrêt de Privas. J’anime ces ateliers en alternance avec mon collègue Christophe Plisson, de l’association Les murmures de l’onde. Chaque semaine, nous accueillons jusqu’à 5 participants, de 9h30 à 11h30 le mardi matin. Nous leur proposons des pistes d’écriture ludiques et créatives. Certains écrivent par ailleurs, des histoires, la leur, des poésies, du slam, des chansons… d’autres ont des difficultés avec la langue et nous écrivons sous leur dictée.

Écriture créative

Aujourd’hui, les participants ont produit un autoportrait végétal, joué au cadavre exquis, se sont inspirés des exercices de style de Raymond Queneau, ont inventé des comparaisons surréalistes, rédigé le portrait métaphorique d’un animal, inspiré de L’albatros de Baudelaire, etc. Pour vous donner un aperçu, voici un texte écrit par un détenu à partir d’une toile de mon collègue compagnon biographe, Alain Porchet :

« C’est l’histoire d’un homme qui part seul vers la ville. Il est triste et ne sait pas où aller. Il cherche une autre vie. Il aimerait trouver des amis qui lui font du bien et ne plus rester seul. Trouver du travail lui ferait plaisir. Avant il vivait seul dans la forêt. Maintenant il choisit la ville pour faire des rencontres. Il aimerait travailler en équipe sur des projets collectifs. Il aimerait aussi faire de la musique. Il joue du piano et rêve de rejoindre un orchestre symphonique avec lequel il jouera ses compositions inspirées de la forêt, de la nature, de la ville et de l’amitié. Il deviendra un grand artiste. »

Les productions sont partagées en direct par les participants, sans commentaire, avec une écoute bienveillante. Chacun vient avec ses compétences pour partager un moment convivial autour des mots. Certains s’inspirent des propositions explorées en atelier pour alimenter leurs projets personnels d’écriture, d’autres apprécient cette pause récréative et ces instants mêlant imaginaire et réalité. Parfois les détenus reviennent, intéressés par cette pratique régulière d’une écriture libre. Souvent, ils ne participent qu’une fois car ils sont ici en transit et ne peuvent pas toujours s’inscrire dans une activité régulière. Aussi, les propositions sont élaborées pour que ceux qui découvrent l’activité s’intègrent facilement dans le groupe et que ceux qui reviennent découvrent de nouvelles pistes d’écritures à chaque séance.

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