En 2015, Muriel Chaulet a fondé Orthographe Formation. Elle m’a accompagné en 2020 pour préparer le Certificat Voltaire. Grâce à Muriel j’ai obtenu un score de 928/1000 ; le niveau « expert » !
J’ai beaucoup apprécié les méthodes pédagogiques ludiques et les encouragements de Muriel tout au long de la formation. Elle fait partie des 58 personnes en France qui ont un score de 1000/1000, de quoi être rassuré quand on suit sa formation ! Son enthousiasme et son professionnalisme m’ont donné envie de lui demander d’évoquer ce qui l’inspire au quotidien.
Interactivité
Pas toujours facile de parler de soi, mais Muriel a bien voulu se jeter à l’eau pour partager ses inspirations : « Orthographe Formation est un organisme de formation spécialisé en orthographe, en communication écrite et en Français Langue Étrangère. L’accent est mis sur l’interactivité. L’approche ludique permet de dédramatiser et j’accueille les personnes là où elles en sont. Cette base m’indique jusqu’où je peux les accompagner. Grâce à des outils que j’utilise au démarrage de chaque parcours, les personnes expriment ce qu’elles ont en tête. Ces éléments font émerger la manière dont elles ont construit leur représentation de la langue. À partir de là on peut remettre les choses dans l’ordre. »
Du sur mesure
Muriel suit une trame commune pour former les stagiaires qu’elle encadre mais elle ne plaque pas un contenu identique pour tous. « Ce qui me passionne c’est cet aller-retour entre les besoins de la personne et ce que je peux lui apporter. J’adore les déclics qui s’opèrent lorsque les personnes prennent conscience de leur fonctionnement, des raisons de leurs erreurs, et soudain tout s’éclaire ! Un silence marque l’apparition d’une nouvelle évidence et les apprentissages peuvent ensuite se poursuivre. »
L’importance de la pédagogie
Cette capacité à révéler aux apprenant.e.s de nouvelles connaissances, et à les aider à franchir des étapes, est l’apanage des pédagogues. «L’accompagnement se fait dans le respect du rythme de chacun.e et de son engagement dans la formation. Certain.e.s ont besoin de concret, d’organisation, etc. d’autres ont une approche plus intuitive et j’essaye de m’adapter à tou.te.s, c’est l’intérêt de ce métier. L’interactivité intervient aussi au sein des groupes. On peut alterner entre la compétition et la collaboration entre participant.e.s. Ensemble, nous construisons les apprentissages de chacun.e. »
Former tous les publics
Muriel a enseigné pendant vingt ans de la petite section au CM2. « Cette expérience m’a beaucoup apporté en termes de pédagogie, mais avec le temps j’ai commencé à souffrir de la rigidité administrative du cadre de l’Éducation Nationale. Je ne retrouvais plus la liberté d’action qui me motivait au début pour mettre en œuvre des projets pédagogiques épanouissants. Les enfants sont de plus en plus rangés dans des cases et des « parcours adaptés ». Ces dispositifs enferment les équipes pédagogiques dans des procédures administratives chronophages. Les effectifs sont par ailleurs trop importants pour permettre de réaliser les actions théoriques préconisées. Ces injonctions paradoxales m’ont convaincue de sortir du système pour continuer à transmettre dans d’autres cadres, voire auprès d’autres publics. »
Le déclic du changement
Une nuit d’insomnie, Muriel a tapé dans son moteur de recherche orthographe et entreprise. « Une amie m’avait confié qu’elle avait honte de son niveau d’orthographe. J’ai découvert quelques articles et le Projet Voltaire. Mes compétences en orthographe et mon envie de travailler avec les adultes m’ont encouragée dans cette voie. Je me suis formée à distance en continuant de travailler avec ma classe pendant un an. Puis, pendant deux ans, j’ai maintenu mon activité d’enseignante, deux jours par semaine, et j’ai commencé à intervenir en formation continue auprès des adultes. J’ai pu ainsi affiner mes méthodes et acquérir une autonomie suffisante pour travailler à temps plein. »
Changer de regard
Entre les individuels et les groupes, Muriel a formé près de 200 personnes en 5 ans. « Certain.e.s m’ont confié ce que la formation leur a apporté. Cela induit d’abord un changement de regard : ce n’est pas parce qu’on a des difficultés et qu’on fait des erreurs en orthographe, qu’on est incompétent.e ; on peut toujours progresser. Souvent, les participant.e.s témoignent de regards négatifs qui les ont dévalorisés. Les vieilles blessures ressortent mais quand on explique les choses simplement, tout le monde comprend les règles de bases. Les outils que je propose apportent du sens et les personnes reprennent confiance en elles par rapport à l’écrit. Puis elles osent à nouveau écrire et partager leurs écrits. »
Faute ou erreur ?
L’une des principales difficultés des stagiaires est leur rapport à la faute. « En général on parle d’erreur de calcul mais de faute d’orthographe. Les mots sont lourds de sens. Quand on évoque la faute, la connotation négative pèse davantage. Lorsqu’on observe une erreur, on l’analyse et on corrige. Ensuite on passe à autre chose. La formation varie selon les participant.e.s. ; certain.e.s ont besoin de prendre en compte cette dimension liée à l’estime de soi, d’autres travaillent directement les règles sur lesquelles ils doivent revenir : conjugaison, accords, lexique, etc. »
Illettrisme
Orthographe Formation trouve son origine dans un sentiment d’injustice face à l’illettrisme. « Des personnes qui me sont proches savent à peine lire et écrire. Cela provoque une faible estime de soi. Je pense que ma motivation à enseigner puis à travailler avec des adultes vient d’un besoin de réparation. C’est aussi pour cela que j’aime autant former des étrangers qui apprennent le Français dans une Maison Pour Tous, que les membres du service communication d’un grand groupe. »
Souplesse et adaptation
Ces compétences pédagogiques, Muriel les a acquises au fil des années. « Plus jeune, j’étais assez réservée et j’ai passé beaucoup de temps à observer. Cela m’a permis de développer des qualités d’écoute. J’étais très curieuse de rencontrer des gens de différents horizons et d’observer leurs modes d’expression. Je buvais les paroles de mes professeurs. Par la suite, j’ai acquis de bonnes capacités d’adaptation à différents publics et univers. Mon parcours m’a amenée à évoluer dans des milieux sociaux variés en faisant parfois le grand écart ! Les livres d’Annie Ernaux ont d’ailleurs été une révélation pour moi pendant mes études de psychologie. De plus, la création de mon activité m’a poussée à m’approprier le vocabulaire des professionnels pour aller à leur rencontre. Au sein du collectif CEV26 – Collectif des Entreprises du bassin Valentinois – et avec Bouge ta boîte, j’ai rencontré des profils variés qui m’ont aidée à trouver ma place en tant que cheffe d’entreprise. Je suis contente d’avoir changé de métier car l’expérience m’a évité de devenir aigrie et m’a apporté davantage de sagesse. J’admire les personnes qui vieillissent en allant vers plus de souplesse, aux niveaux psychologique, émotionnel et physique. Vieillir c’est aller vers l’ouverture ! »
Si vous souhaitez aussi témoigner, partager ce qui vous influence positivement et poursuivre cette collecte de « L’inspiration de nos héritages », n’hésitez pas à me contacter par mail energieplume@gmail.com ou téléphone 06 64 97 94 84.