« L’inspiration de nos héritages » /6/

Marion Bonneau est fondatrice d’Elan Jardins. La prise en compte de l’environnement et l’envie de transmettre font partie de ses racines. Après des expériences variées en entreprise et dans le milieu associatif, devenir maître composteur est devenu une évidence.

Animée par son goût pour la transmission, Marion a confié à l’énergie de la plume les influences qui portent son activité.

Une passion enracinée

Marion accompagne la mise en place de composts dans des entreprises et des écoles depuis 2014. Associée de la coopérative d’entrepreneurs Solstice, elle forme les utilisateurs et leur apporte son expertise technique pour réduire leur impact environnemental. « La transmission des savoir-faire nécessaires au bon fonctionnement du projet est essentielle. Cela passe par une phase de questionnement. Mes interventions pédagogiques s’appuient sur des méthodes actives. Adolescente, je trouvais douloureux de rester enfermée pour travailler sur des sujets imposés. L’idée a germé à cette époque de trouver une activité à pratiquer dehors, tout en réduisant mon impact sur la planète. Les baignades en rivière et les balades à vélo m’ont offert le goût de la nature. Les sensations éprouvées lors de mes activités extérieures sont vitales. J’ai besoin de sentir physiquement les éléments au quotidien, l’odeur de la terre notamment. Lorsque j’étais lycéenne, j’étais vidée par les trajets en bus et l’environnement bétonné. Mon besoin de vivre en altitude est surement né à ce moment-là. »

Prise de conscience

Enfant, Marion passait les vacances d’été dans le Jura, au contact de la nature. « Nous vivions dans le jardin, sur l’herbe, au bord de la rivière… c’était dur de passer le reste de l’année en ville ! À la fac, je pratiquais beaucoup le ski de rando. Tous les jeudis et les week-ends, je me frottais aux éléments. En rencontrant des anciens qui connaissaient la montagne, j’ai pris conscience du recul des glaciers. En montagne, les changements sont davantage visibles. Ces constats m’ont donné envie de voir comment ces évolutions étaient perçues ailleurs dans le monde. J’ai alors vécu des missions humanitaires dans les Balkans et en Afrique. Lorsque j’étais étudiante à l’école 3A à Lyon, je suis partie seule en Bosnie-Herzégovine. J’ai atterri à Sarajevo et j’ai voyagé dans le pays pour recenser les associations survivantes après la guerre et identifier leurs besoins. Les organisations souffraient beaucoup à cause de la corruption. L’état des lieux démontrait qu’il ne restait plus que la musique à certains jeunes ! De nombreuses maisons étaient vides… la vie était réduite à sa plus simple expression. Ce voyage a fortement influencé ma façon de consommer. D’autres expériences m’ont nourrie pour m’investir dans des projets locaux de retour en France. En Mauritanie, au Mali et au Burkina, avec des amis dont un habitait sur place, j’ai observé chez les habitants comment les populations vivaient dans ces régions chaudes et sèches. J’ai alors compris que si les sols ont besoin d’être nourris là-bas, c’est aussi le cas ici. »

La pédagogie du projet

Des expériences en entreprise et dans des associations de dimension internationale ont permis à Marion de découvrir différentes façon de travailler. « Certaines missions avaient du sens, d’autres pas ! J’ai affiné ainsi mon projet et mieux cerné ce vers quoi je voulais aller, pour trouver ma place et m’affranchir des cases sociales. Je connais beaucoup de personnes malheureuses au travail et j’apprécie ma chance de développer l’activité qui me correspond. Nos choix sont sans doute orientés par l’éducation que nous recevons de nos parents. Cela m’importe donc de transmettre à mes filles certaines valeurs, comme l’importance d’exercer un métier qui nous rend heureux. De même, c’est essentiel d’encourager les enfants à se poser des questions et se forger leurs propres réponses. Lorsqu’une connaissance est transmise, elle n’est pas forcément enregistrée. Pour apprendre, il faut déjà avoir envie de savoir. L’expérimentation et l’alternance des approches pour aborder de nouvelles notions offrent de meilleures conditions d’apprentissage. Par ailleurs, nous avons chacun des façons différentes de penser. Certains ont besoin d’appréhender les choses globalement pour mieux comprendre les détails, pour d’autres c’est l’inverse. »

De précieux tuteurs

Au cours de son parcours, Marion a bénéficié de rencontres inspirantes pour développer son activité. « Francine Guillemin et Anaëlle Morisot notamment sont des collègues incontournables. Francine donne envie aux autres de se lancer. Nous formons un duo de choc ! Anaëlle est très à l’écoute, informée, engagée, et elle sait par où commencer pour qu’un projet démarre sur les bons rails. Ma sœur Juliette m’a toujours beaucoup apporté aussi. Par exemple, lorsqu’elle était en stage d’agronomie au Brésil pour étudier le soja transgénique, elle a détaillé le processus de transformation du soja non génétiquement modifié en soja OGM, pendant que je me penchais sur la partie étude de marché de son rapport. Nos points de vue complémentaires ont confirmé que le travail collectif permet d’atteindre des résultats plus riches lorsque des modes de pensée différents sont associés. De la même manière, comme nos mémoires sont plutôt visuelles ou auditives, selon les individus, je m’attache à développer des interventions pédagogiques prenant en compte cet aspect. C’est dans cet esprit que j’ai fait appel à Lison Bernet pour réaliser des supports en BD pour expliquer le fonctionnement du compost. Enfin, pour revenir à mes débuts dans cette activité, je tiens à rendre hommage à trois autres personnes : Véronique Badet, qui m’a accueillie au sein de la formation de maître composteur en Saône-et-Loire, Christian Nanchen, mon formateur qui a boosté mon installation dans cette fonction, et Bruno Lafay qui m’a laissé carte blanche pour mettre en place les sites de compostage sur le territoire du Sivom de Louans.

Grâce à toutes ces bonnes influences, Marion a pu signer avec Jany Riffard le premier site de compostage d’Elan Jardins sur la commune de Guilherand Granges. « Elle a tout de suite compris les enjeux et l’intérêt de réduire les biodéchets à la source. Depuis, les expériences se sont multipliées et de nouvelles équipes s’apprêtent à mettre en œuvre le compostage dans leurs structures. Ces initiatives sont autant d’occasions de valoriser les déchets organiques. »

Et si on n’attendait pas 2025 pour s’y mettre ?!

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